Dans la lumière douce et sereine des rues de ma ville endormie, après une longue et harassante journée à baisser la tête sous le travail, je cherchais à me détendre en compagnie de mon chien sous les arbres protecteurs de la rue de la République...
Même fatigué je n'arrivais pas vraiment à trouver le calme au fond de mon être, soucieux, quelque peu angoissé d'un avenir incertain et pourtant sinistrement aseptisé. J'avais beau vouloir m'imprégner des saveurs de ce moment où les feuilles des tilleuls parfumaient l'air en dansant sous le vent léger, mon humeur demeurait empesée.
Je me félicitais cependant d'avoir décliné le conseil d'amis avisés qui m'avaient civilement initié au CD d'une chanteuse distinguée pour oublier mon spleen, certain du futur bienfait de ma démarche nocturne...
Soudain mon chien commença à s'agiter. Je le calmais d'une voix réconfortante mais ses grognements devenaient plus nets...
Je commençais à m'impatienter quand surgit d'on ne sait où une très jolie femme, habillé bourgeoisement. Elle même promenait un petit chien borgne hélas, affaibli par l'âge mais étrangement agressif.
Le prétexte était tout trouvé pour engager une conversation diplomate et intéressée de ma part. Je me suis excusé de l'accueil fait par mon animal ce qu'elle minimisa par un regard envoûtant. Son visage gracieux était savamment maquillé .
La discussion était devenue bien courtoise, chiens maintenus au garrot... 
Elle aussi peinait à s'endormir...
Tout en marchant nous faisions connaissance puis pour prouver mon intérêt au froid qui l'envahissait peu à peu, je lui propose un verre dans un bar resté ouvert...
Elle semblait s'intéresser à moi. J'en étais troublé. Cette marque d'attention sur ma pauvre personne me flattait et j'espérais la séduire... Je me laissais me poser diverses questions qui, pour certaines me paraissaient bien indiscrètes.
Naïvement je la renseignais avec ce naturel que l'on me reproche trop souvent !!
Assez vite elle su tout de moi.
Je m'efforçais à en savoir plus sur elle, ce qu'elle esquivait par un curieux sourire énigmatique...
Je m'étais livré nu de l'âme, satisfait de ma fin de soirée mais n'avais pas réussi à cerner ma belle inconnue.
Nous nous quittâmes, lui signifiant d'un air dépité mon regret de la voir me quitter si vite, moi qui étais tombé sous son attrait.
Je ne savais d'elle que son prénom... et l'endroit où je l'ai galamment raccompagnée.

Les jours passèrent dans l'espoir de la revoir. Tant de jour que de soirée... Arpenter les rues du quartier était devenu un espoir.

Puis ma compagne reçut des appels anonymes alors que je la cherchais...
Une femme l'avait informée de mon inconsistance à draguer... ce qui ne manqua pas de dissoudre notre couple...
Des gendarmes vinrent enquêter sur la santé de mon chien... 
Mes voisins eurent dans leur boite aux lettres des photos de moi en réunions politiques...
Un homme vint me casser la gueule pour avoir cherché à rencontrer sa femme...

EDVIGE...

Bien sûr cette histoire n'est qu'une fable, vous l'aurez peut-être deviné.
C'est une imagination pour illustrer mon sentiment face à ce que l'on nous imposerait si nous ne restons pas vigilants.
Aucun renseignement sur notre vie privée, nos choix, nos désirs, nos opinions ne doit être exploité par quiconque.
A faire trop confiance à qui semble respectable peut tôt ou tard entraver notre LIBERTE.
L'individu est individu. La collégiabilité n'a de sens que dans l'entraide.
L'uniformisation bien pensante est un danger.
Le bétail seul est numérotable, qualifiable, parcable pour mieux être exploité.

Au nom de sacrosaintes valeurs sociales, de pseudos dogmes, de repeuplements colonisateurs, les dirigeants ont manipulé sournoisement les populations civiles...

Pensons à ce qu'aurait réussi à commettre le régime de Vichy avec un tel fichier...

REAGISSONS TOUJOURS...